Le Dictionnaire des Antiquités Grecques et Romaines de Daremberg et Saglio

Article SACRATIO CAPITIS

SACRATIO CAPITIS

SACRATIO CAPITIS. Ce mot désigne dans le droit romain primitif la consécration du coupable aux dieux. Le crime devait, en effet, attirer sur la communauté entière la vengeance du ciel s'il n'était l'objet, comme les offenses directes envers les grands dieux', d'une expiation publique, si le coupable n'était livré à la divinité comme victime. La forme primitive du jugement a donc été l'attribution du condamné à un dieu' par, le représentant légal de la communauté3. Ce caractère religieux de la peine est particulièrement marqué par la consécration de la fortune 4, et par les cérémonies rituelles de la plus ancienne forme de la mise à mort, par la hache, où le condamné, attaché à un poteau, nu, les mains sur le dos, puis étendu sur le sol, a l'attitude d'une victime. C'est pour cette raison que la loi parfaite, celle dont la violation rend sacer, s'appelle lex .sacrata, et qu'elle comporte comme punition une sanctio 5. Si l'État épargne le coupable, par exemple dans le cas de l'inceste, de la violation des jours de fête ou des jours néfastes, de l'homicide involontaire, il doit offrir une expiation aux dieux 6. L'homme sacer est mis hors la loi, comme maudit par la divinité à qui il appartient; chacun peut le tuer impunément, mais naturellement en rendant compte de sa conduite : de bonne heure, du reste, l'autorité publique a dû se charger de l'exécution et on a poursuivi régulièrement devant le peuple les délits atteints par la sacratio capitis7. La personne ou sa fortune est toujours consacrée à une divinité spéciale, surtout aux dieux infernaux [nEVOTto]. Le produit des confiscations est consacré au culte [MULTA]. La tradition attribue à l'époque royale la sacratio capitis contre la violation des devoirs des enfants envers SAC 956 SAC leurs parents', des patrons envers leurs clients et respectivement 2, contre l'enlèvement ou le déplacement des bornes 3 ; au début de la République, les diverses leges sacratae, la loi confirmée par serment contre toute tentative de rétablir la royauté 4 ; la loi interdisant, après le décemvirat, de créer une magistrature non soumise à l'appel au peuple 5 ; les lois qui ont constitué la plèbe et les privilèges de ses tribuns[PLEBS, TRIBUNES PLEBIS]s; l'interdiction des privilegia; la loi Icilia de Aventino publicando7; lalo'i défendant la dégradation de l'ancien tribun militaire au rang de centurion a ; la défense d'entraîner le peuple à une secessio0. La sacratio capitis fut remplacée de bonne heure par l'aquae et ignis interdictio [EXSILIL'M]. Ily a eu quelques cas de sacratio capitis sans crime, en guise de procuratio ou comme mesure de salut public, par exemple le jet à la mer ou l'exposition dans une île d'un monstre 10, l'ensevelissement de deux étrangers ennemis, sur l'ordre de la Sibylle en 216". CB. LÉCRIVAIN.